OWNI
Présentation
Comment as-tu commencé dans la musique?
Quand j’étais enfant, d’après mon père, une des seules choses qui pouvait me calmer, c’était de mettre la radio. Ça part à la base d’un sentiment de réconfort.
Plus tard, c’est le fait de faire de la musique qui me réconfortait. Vers 16 ans, j’ai eu un déclic en écoutant des artistes que j’aimais beaucoup. Quand j’ai vu que les thèmes qui me parlaient, parlaient également à beaucoup d’autres au vu du nombre d’écoute sur les plateformes, j’ai alors compris que si j’écris ce qui va ou ne va pas dans ma vie ça peut raisonner avec d’autres personnes et créer du lien et de la solidarité.
Comment en es-tu venu·e à vouloir te professionnaliser dans la musique ?
De la fin du gymnase. Vers 18 ans, j’avais effectué un travail de maturité avec des compositions et des maquettes. Composer n’est pas que thérapeutique, ça me stimule, ça me donne envie de me lever chaque jour, de progresser, de collaborer avec d’autres personnes autour de mes projets, chansons et d’en faire mon métier.
Je fais également des études à Neuchâtel en sociologie et en science du langage. C’est très utile, car j’aborde les thèmes des liens sociaux et des interactions : ce dont j’ai envie de parler dans mes chansons, donc les deux se nourrissent un peu.
Que signifie ton nom d’artiste Owni ?
Owni est un jeu de mots entre OVNI et Omni. Le W, est un M retourné. Dans la vie, on est à la fois OVNI et Omni. On peut se sentir bizarre et seul·e mais en réalité on est plein·e·s à se sentir bizarre et seul·e, donc ça nous fait déjà une caractéristique commune. On est beaucoup à partager les mêmes problèmes, les mêmes insécurités, les mêmes joies et c’est seulement en en parlant et en interagissant avec les autres qu’on peut s’en rendre compte et faire avancer les choses. Du coup derrière le nom Owni il y a aussi l’idée de mettre l’individu au service du collectif. Donc, au fond, ce nom c’est l’idée que la collectivité et l’individualité sont toujours liées et qu’elles se nourrissent mutuellement.
Comment définis-tu ta musique et qu’est-ce qui t’a poussé·e à choisir ce genre musical en particulier ?
Un mélange de pop douce légère, et de variété française mélancolique et onirique. J’ai un lien fort avec la mélancolie je trouve ça très beau. J’ai choisi ce style car c’est ce qui m’inspire et sort de mon esprit. Je chante en français car ça enlève une barrière et permet de créer une proximité plus forte avec mon publique qui est francophone.
J’ai pour inspiration principalement des artistes de variété française :
Barbara est une très grande inspiration selon moi, il n’y a pas meilleure autrice, elle raconte vraiment des histoires, elle a cette capacité à nous faire ressentir ce qu’elle décrit comme elle le vit, par exemple sa chanson « Drouot ». En plus actuel, je me trouve beaucoup dans la musique de Yoa et Iliona, j’ai l’impression qu’elles parlent pour moi. Et la musique de Pomme, c’est vraiment comme un soin pour moi.
Travail actuel
Quels sont les projets sur lesquels tu travailles actuellement?
J’ai trois projets en parallèles :
- la production d’un EP en 2025 qui parle du fait de grandir en tant que personne Queer
- pour aller avec cet EP, je construis un set live avec une pianiste et un autre musicien qui fait de la batterie et de la guitare. Ils m’aident aussi sur les prods, ce qui donne une dimension concrète et humaine au projet.
- Un atelier d’écriture avec l’envie de réunir des personnes Queer et discuter d’expérience, de vécu et créer du lien.
Qu’est-ce que la communauté Queer ? En quoi elle influence ton travail ?
« Queer » est un terme anglais qui signifiait « bizarre » et qui était à la base utilisé comme insulte contre les personnes queer mais avec le temps, les personnes de la communauté LGBTQIA+ se sont réapproprié·e·s le terme. Ce terme renvoie à toute personne qui ne se retrouve pas dans les normes de genre/dans les normes hétérosexuelles. C’est l’aspect historique de la communauté, des luttes, un terme politisé qui prend différentes dimensions.
Je fais un EP sur le fait de grandir en tant que personne Queer et je cible aussi des problématiques que j’ai vécu ; typiquement, le harcèlement et l’homophobie intériorisée, d’autres thèmes qui permettent de se libérer et de se faire du bien. Ouvrir la parole sur ces thèmes et montrer qu’on va mieux après. J’essaie de ne pas rester que dans quelque chose de très sombre j’ai un lien fort avec la mélancolie que j’essaie de teinter de lumière. L’idée est de tirer vers le bien et d’apporter du bien.
Qu’est-ce qui inspire tes textes et tes sons ? Quels messages ou émotions cherches-tu à transmettre dans ta musique ?
Tout est source d’inspiration, la vie, les gens, les relations. J’ai la volonté de donner aux gens l’impression qu’ils ne sont pas seuls, partager ces sensations, se donner du réconfort et rapprocher les gens, en se comprenant et via la compassion. Partager les émotions ressenties ensemble
Quels genres de retours sur ton travail t’encouragent à continuer ?
Pour le public les messages de remerciement, quand les gens se sont vus ou reconnus dans ma musique, ça me donne envie de continuer car je sais que ça aide et fait du bien.
Au niveau des pros, c’est pareil. Voir ce que ça apporte au niveau culturel, social et humain. Quand les professionnel·le·s voient la démarche derrière le projet et qu’ils la comprennent et ont envie de la mettre en avant. Par exemple ma professeure de chant, les directeur·rice·s de structures, des membres du staff des concerts.
Ça me procure de la joie et je me sens vu·e, faire ressentir des choses aux gens me donne envie de vivre chaque jour.
Si tu devais collaborer avec un·e artiste actuel·le ou d'une autre époque ou discipline, qui choisirais-tu et quel genre d'œuvre créeriez-vous ensemble ?
Je choisirais Yseult. J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour cette artiste, elle est forte et touchante. Sa voix, ses chansons, les thèmes qu’elle aborde, tout est incroyable. C’est une des chanteuses de l’époque actuelle qui m’a donné envie d’écrire et qui m’a fait pleurer. Elle a su se faire une place dans le monde de la musique tout en restant indépendante. Elle reçoit toute la reconnaissance qu’elle mérite. Elle touche à tellement de gens différents, que si je devais collaborer avec elle, juste chanter avec elle, se serait incroyable. Pourquoi pas une chanson triste qui évolue dans quelque chose de très dansant.
Expérience à Catalyse
Qu’est-ce que t’apportes le dispositif Inkuba ?
Il m’apporte beaucoup de soutien, c’est très précieux pour moi. Inkuba me donne beaucoup de motivation et me fait ressentir aussi beaucoup de gratitude, c’est « l’opportunité qui permet d’autres opportunités ».
J’aime de plus en plus la phrase de Mahalia, une artiste que j’avais vu à Londres il y a quelques années : « Les artistes émergent·e·s, qui n’ont pas encore beaucoup de visibilité n’ont pas forcément besoin de validation mais surtout de support ». Je prends confiance en mon projet, en qui je suis, en ce que je fais et ça me donne encore plus de motivation et de clés, tout ça c’est très précieux et très enrichissant.
Comment le fait d’être en résidence dans notre pôle artistique influence ton travail ?
C’est loin de chez moi, je me sens comme si la porte s’ouvrait, j’ai un nouvel espace dans lequel me développer, créer et expérimenter.
Venir à Genève, c’est un souffle, ça m’inspire beaucoup. Les locaux de Catalyse, la scène, les pianos, beaucoup de choix et de possibilités d’endroits pour travailler, ainsi que l’équipe et les conseils des professionnel·le·s m’aident à avancer.
As-tu créé une œuvre particulière à Catalyse ?Ton objectif à la fin de cette résidence et de ton année Inkuba ?
Pour le moment, avec ma pianiste on a imaginé un interlude de transition pour ma chanson « le soleil ». On l’a fait avec le piano sur scène et c’était très touchant. C’est la transition qui fait le plus de sens dans mon concert, c’est tellement naturel ça m’a fait beaucoup de bien.
Finir mon EP et avoir un live solide qui représente bien cet EP, qui puisse faire ressentir les émotions comme j’aimerais qu’elles soient ressenties, qui illustre bien mon projet, plaisant et intéressant à voir.
Vision future
Comment vois-tu l’évolution de ton travail dans les prochaines années ?Objectifs moyen-long terme
Je travaille actuellement sur un premier EP, quelques chansons sortiront en 2025. J’ai également très envie de me produire davantage sur scène en Suisse et à l’étranger, notamment chanter à Madame Arthur, ce lieu m’inspire beaucoup. Écrire et composer pour les autres me tente de plus en plus également.
Quel est l’endroit où tu rêves de chanter ?
A la Cigale à Paris, c’est une très belle salle. J’y ai récemment vu Ray et c’était génial ça me donne envie de faire pareil.
Où pouvons-nous suivre tes actus et écouter ta musique ?
Sur les plateformes de streaming. Vous pouvez retrouver sur le compte « Owni » les maquettes de mes débuts sur Spotify, Apple Music et sur Youtube.
Je suis également sur Insta et Tiktok avec le pseudo « jesuiowni » j’y poste ma musique et ma vie.
Aurais-tu un conseil à donner à un·e artiste qui se lance dans la musique ?
Je dirais « chacun·e son rythme » si un·e artiste a envie de sortir des sons parce que ça lui fait du bien, il·elle a le temps. Personne ne nous attend en soit, ce qui est appréciable c’est de s’enlever cette pression et que chacun·e prenne le temps qu’il·elle lui faut pour créer sa musique.